Montréal, le 23 septembre 2024 | Nous avons appris aujourd’hui que La Tulipe, la salle de spectacles emblématique de l’avenue Papineau active depuis 1913, se voit contrainte de cesser toute activité générant un bruit amplifié audible à l’extérieur de ses locaux. Cette décision de la Cour d’appel du Québec pourrait entraîner la fermeture définitive de cet espace culturel, car aucun lieu de diffusion ne peut garantir une insonorisation totale. Elle crée par ailleurs un précédent considérable : ce sont tous les lieux culturels de la métropole qui en viennent à être fragilisés.
Cette décision repose sur l’application stricte du Règlement sur le bruit de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, dont l’article 9 interdit tout bruit amplifié dès qu’il est audible à l’extérieur d’un établissement, peu importe son niveau sonore. Les SMAQ conteste cet article depuis sa création, arguant qu’il pénalise injustement les lieux culturels.
« Cette décision de la Cour d’appel rouvre une boîte de Pandore pour le secteur culturel. Pourquoi les lieux de diffusion sont-ils les seuls à se plier à des règlements dépassés et contre-productifs en matière de bruit? Chaque matin, je suis réveillé par le brouhaha incessant du Plateau, qui, lui, reste non réglementé. Mais quand il s’agit de musique, dans une ville dont les élu.e.s aiment se vanter de l’effervescence culturelle, la tolérance est réduite à néant. Comment est-il possible qu’un seul voisin puisse faire fermer une institution culturelle? Comment est-il possible qu’un seul plaignant puisse rendre illégale une activité usuelle dans une métropole culturelle comme Montréal ? Ce règlement impose un fardeau disproportionné aux salles de spectacle, tout en négligeant les réalités de la vie urbaine. Pourquoi les lieux culturels sont-ils les premiers à être incriminés dans tous les litiges ? » déclare Jon Weisz, directeur général des SMAQ.
Il est important de rappeler que cela fait 20 ans que le secteur du spectacle demande à la Ville de Montréal et à ses arrondissements d’adapter ce règlement aux réalités contemporaines. Malgré les promesses des élu.e.s, aucune action concrète n’a été entreprise.
Il est grand temps que la Ville de Montréal adopte des solutions pragmatiques afin de mieux concilier les besoins des lieux culturels et ceux des riverains. D’autres villes, telles que Toronto et Londres, ont réussi à adopter le principe d’agent de changement préservant ainsi leur scène artistique tout en minimisant les conflits avec les résidents. Ces villes ont fait preuve d’ambition politique pour soutenir leurs institutions culturelles, alors que Montréal, elle, semble encore à la traîne, et ce, malgré son statut autoproclamé de « ville culturelle ».
Les SMAQ milite activement pour l’adoption du principe de l’agent de changement et une modernisation de la règlementation sur le bruit à Montréal.
Cette décision intervient dans un contexte déjà difficile pour les lieux de diffusion indépendants montréalais, largement exclus des financements publics, confrontés à une inflation galopante et à une baisse d’achalandage significative liée aux mesures sanitaires de la pandémie. Il est impératif que les règlements s’adaptent pour soutenir ces espaces essentiels à la vitalité culturelle de Montréal.